LES VISAGES DE L'HERMITAGE
Série réalisée lors de la Résidence HRMTG par le collectif Parabole
En Mai-Juin 2018;
commissariat : Fabien Guillermont, J-B Fayol, Claude Boudeau;
L'hermitage, Autrêches, France
Les visages de l'Hermitage
Ce projet a été réalisé lors de la résidence HRMTG en mai 2018 initiée par le collectif Parabole (Fabien Guillermont, Jean-Baptiste Fayol, Claude Boudeau) au sein de l'Hermitage lieu associatif dirigé par Jean Karinthi.
Genèse du projet
Lorsque j’ai entendu parler de la résidence de l’Hermitage en pleine forêt, j’ai eu envie d’adapter ma pratique au lieu. Lors de mes recherches, j’ai découvert le tirage cyanotype. Contrairement au tirage argentique, c’est un tirage dit « ferrique », praticable en plein air.
Le tirage cyanotype : c’est la réaction entre le ferricyanure de potassium et le citrate d’ammonium. Une fois exposés aux rayons UV du soleil, les deux solutions créeront ce tirage « bleu de prusse » (couleur découverte en Allemagne en 1704 dont l’origine fut longtemps gardée secrète par l’armée) durable dans le temps.
Ma démarche artistique s’apparente à de la « fiction photographique », j’utilise la mise en scène afin de mettre en lumière des sujets d’actualités politiques ou intimes.
Lors de mon arrivée à l’Hermitage, j’ai souhaité m’entretenir avec des personnes susceptibles de m’en apprendre davantage sur le lieu.
L’Hermitage a connu de nombreuses transformations : il a été l’une des bases militaires allemandes durant la guerre, puis transformé en ferme, le site a ensuite été abandonné. Il fut racheté dans les années 50 par des malades atteint de la lèpre. Ils souhaitaient s’émanciper du reste de la société et vivre en complète autonomie, excluant tout contact y compris avec les villages voisins. Souhaitant garder cette idée d’anonymat, j’ai décidé de parler de l’histoire du lieu à travers la technique même du cyanotype. Comme modèle j’ai photographié les personnes avec lesquelles j’ai vécu durant ces deux semaines de résidence. À l’image des premiers résidents venus vivre ici, nous voulions nous aussi vivre et créer autrement.
Les tirages réalisés étant complètement hétérogènes, j’ai décidé de montrer l’ensemble des essais et tirages et, pour rester dans la mise en scène, de retranscrire l’atelier éphémère que je m’étais construit ici. Tout le long du processus j’ai tenu un journal de bord des différents tirages et méthodes que j’avais expérimenté.
Dans les archives de l’Hermitage j’ai récupéré un vieux carnet d’époque à l’intérieur duquel j’ai retranscrit l’entièreté du journal à la plume, puis je l’ai l’anti-daté.
La fiction s’est ainsi instaurée dans ce projet, plongeant le spectateur dans les années 50, l’invitant à croire qu’un des premiers résidents avait essayé cette technique et rédigé ce journal.
Cela fait sens également avec ce que devient actuellement l’Hermitage où il accueille des projets à développement durable et solidaires.